Bienfaisant et destructeur
Shiva, le bienfaisant, est le plus vénéré des dieux. Il est le dieu de la fin des temps. Il organise le monde et représente les ténèbres. Il a les yeux mi-clos car il les ouvre lors de la création du monde et les ferme pour mettre fin à l'univers et amorcer un nouveau cycle.
Le destructeur
Shiva est un personnage complexe et contradictoire. En effet, il représente la destruction mais celle-ci à pour but la création d'un monde nouveau et meilleur. Le monde tient en un équilibre fragile entre les forces du bien et du mal, lorsque l’équilibre se rompt, Shiva dissous l’univers afin d’en créer un nouveau dans lequel les hommes pourront se libérer de l’aliénation du monde physique.
Représentation
Il est souvent représenté couvert de cendres. Les cendres dont il s'enduit symbolisent la procréation sublimée. Shiva est le dieu de l'abstinence, la semence de celui qui reste chaste se consume à l'intérieur délivrant une formidable énergie. A son images, les membres de la secte de Shiva se frottent le corps avec les cendres des bûchers funéraires.
Shiva a la gorge bleutée à cause du poison surgi lors du barattage de la mer de lait [Barattage], qu’il retint dans sa gorge.
Bien qu’il soit le maître de l’ascétisme, et donc de l’abstinence, l'emblème de Shiva est le linga (ou lingam, pierre de forme cylindrique). Ceci représente la nature duelle du dieu. Le linga est associé au yoni, symbolisant l’union des principes masculin et féminin. Il incarne donc l'univers, la création.
Il est assis sur une peau de tigre, symbole de l'énergie potentielle. Shiva représente en effet la source créatrice en sommeil. Il est également le patron des ascètes.
Shiva est le dieu des champs de bataille, des champs de crémation. Il y est souvent accompagné de démons, d'esprits malfaisants et de fantômes.
Lorsque Shiva détruira le monde, il ne restera plus aucun être vivant. C'est pourquoi il porte à son cou un collier de tête de mort.
Ses attributs sont :
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le trident (trishula) dont le nom est Vijaya (victoire). Il matérialise les trois fonctions de la trinité : création, préservation et destruction. Il détruit le mal et l'ignorance ;
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un serpent (le Naga [Naga] Vasuki) qui est enroulé trois fois autour de son cou. Ces trois tours symbolisent le passé, le présent et le futur. Ceci signifie que le processus de création et de destruction est soumis au temps, mais Shiva transcende le temps, il est éternel. De plus, le serpent désigne le pouvoir du yoga avec lequel Shiva détruit et reconstruit l'univers ;
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les trois yeux qu'il possède représentent le soleil, la lune et le feu. L'œil de gauche (lune) et l'œil de droite (soleil) indiquent son activité dans le monde physique. L'œil du milieu (feu) matérialise sa connaissance spirituelle, il est la perception transcendante et brûle tout ce qui se tient devant lui. C'est pourquoi il le tient toujours fermé.
Par jeu, Parvatî [Parvatî] avait placé ses mains devant ses deux yeux et le monde fût plongé dans l'obscurité rendant toute vie impossible, un troisième œil apparut alors sur son front, rétablissant la lumière sur Terre.
Par son troisième oeil, il réduisit en cendres Kama [Kama] (dieu de l'érotisme et du désir amoureux) ;
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le tripundraka qu’il porte sur son front. Ces trois barres sont censées apaiser l’esprit durant la méditation. Au centre de cet attribut se trouve le troisième œil de Shiva ; |
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le croissant de lune placé dans ses cheveux
Le roi Daksha [Daksha] avait vingt sept étoiles comme filles. Toutes étaient mariées à Chandra [Chandra] (la lune). Mais Chandra était particulièrement attiré par Rohinî. Aussi, toutes les autres épouses, jalouses, se plaignirent-elles à Daksha qui, mécontent, jeta un sort funeste sur son gendre Chandra. L'éclat de l'astre des nuits commença à décliner inexorablement. Jour après jour, sa lumière diminua, exactement d'un seizième. Chandra courut alors se réfugier auprès de Shiva et implora son aide. Shiva le prit sous sa protection et le plaça dans sa chevelure. Puis il atténua les effets de la malédiction, en sorte que la Lune s'accroisse pendant quinze jours puis décroisse les quinze jours suivants. Sous cette forme, Shiva est appelé Chandrashekhara ; |
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le Gange [Ganga] coulant dans ses cheveux, blanc comme le lait et symbole de pureté ; |
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son chignon en broussaille (jata) est une représentation de Vayu [Vayu], le dieu du vent ; |
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une peau de tigre matérialise le pouvoir de la création, la maîtrise de Shiva sur la nature.
Un jour, Shiva errait, nu, dans la forêt. Les femmes des sages furent ensorcelées par sa beauté. Les sages matérialisèrent un tigre pour se défaire de Shiva, mais le dieu de l'ascétisme tua le tigre et s'en fit un vêtement ; |
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un lacet lui permettant d'attraper les coupables ; |
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la hache qu'il donna à Parasuram [Parasuram] ; |
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le damaru, un tambour à deux faces matérialisant l'unions des principes féminins. |
Sa monture (vâhana) est le taureau Nandi qui fait lui-même l'objet d'un culte.
Nandi est le fils du Rishi (sage) Kashyapa [Kashyapa] et de Surabhî, la vache céleste née au moment du barattage de la mer de lait par les dieux et les démons, à l'origine du monde. Selon la légende, il fut donné à Shiva par Daksha. Nandi est aussi le gardien de tous les animaux à quatre pattes.
La Shakti (l’énergie féminine, qui prend la forme de la compagne du dieu) de Shiva affecte de très nombreuses formes :
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la forme paisible, bienveillante, symbolisée par la déesse Parvatî et réincarnation de Satî. Avec elle, il eu deux fils, Ganesh [Ganesh] et Skanda [Skanda] ;
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la forme combattante, symbolisée par la très vénérée déesse Durga [Durga] ;
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la forme terrible et destructrice, symbolisée par l'effrayante et sanguinaire déesse Kâli [Kâli].
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Mînâkshî
Mînâkshî est une princesse-déesse, femme de Shiva. D´après la légende, elle est née avec des yeux en forme de poisson, une légère odeur de poisson et un troisième sein. Toutes ces singularités devant disparaître le jour de sa rencontre avec son futur mari. Elevée en guerrière émérite, elle régna à la suite de son père, conquérant le "monde entier" jusqu'au jour où, parvenue devant Shiva, dans les Himalayas, elle fut envahie de timidité à sa vue.
Shiva et Satî
Une célèbre légende évoque l'amour de Shiva pour Satî, la fille de Prasuti et du roi Daksha, un descendant de Brahmâ. Celui ci avait donné son accord pour le mariage, mais il fût épouvanté à la vue du dieu, le corps recouvert de cendres, les cheveux emmêlés et le cortège de monstres qui l’accompagnaient. Il refusa donc de consentir à leur union. Satî se maria avec Shiva contre la volonté de son père. A seule fin d'insulter Shiva, le vaniteux Daksha décida d'accomplit une grande cérémonie sacrificielle, à laquelle il invita tous les dieux et déesses, sauf précisément Shiva, son gendre, et Satî. Passant outre aux injonctions de son mari, Satî assista à cette cérémonie, au cours de laquelle son père injuria Shiva. Ne pouvant supporter l'offense, Satî s'immola dans le feu.
Shiva, fou de douleur, créa Kâli et Bhairava (les formes terribles de Durga et Shiva) afin de tuer Daksha. Il lui coupa la tête et la remplaça par une tête de chèvre, le ramenant ensuite à la vie. Toujours submergé de colère, Shiva prit le corps de Satî sur ses épaules et fit le tour du monde en courant éperdument pendant des jours. Comme cela risquait de détruire le monde, Vishnu [vishnu], le troisième dieu de la trinité, découpa le corps de Satî avec son chakra (disque divin) en morceaux qui tombèrent épars. Les lieux où ces morceaux sont tombés s'appellent les Shakti Peetha. Shiva pris la forme de l'effrayant Bhairava pour monter la garde autour de ces lieux.
Satî, réincarnée en Parvatî, la fille des montagnes, voulut rejoindre Shiva, plongé en pleine méditation. Kâma, le dieu de l'amour, essaya de l'interpeller, mais le maître de l'ascèse, furieux d'être dérangé, le réduisit en cendres d'un simple regard. Quand il comprit que Satî était revenue, il l'aima de nouveau.
(Le satî ou sacrifice rituel des veuves, est une pratique aujourd’hui révolue et consistait pour les femmes survivant à leur mari à se placer, vivante, à ses côtés sur le bûcher de la crémation.)
Quelques formes de Shiva
Les formes de Shiva sont très nombreuses (plus de 1 000).
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L'une des plus célèbres est le Shiva Nataraja
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Sous cette forme, il est le danseur cosmique qui rythme la destruction et la création du monde.
Sous cette forme, il est le plus souvent inscrit dans un cercle de flammes signifiant qu'il consume les désirs dans le feu. Il possède quatre bras. Sa main supérieure droite porte un tambour (damaru) symbolisant la pulsion rythmique de l'univers, la main inférieure droite fait le geste de protection (abhayamudra), la main supérieure gauche tient la flamme de la connaissance, l'inférieure gauche montre le sol.
Le pied droit prend un appui fort en écrasant le démon de l'ignorance ou des passions, le pied gauche est levé en une posture de danse. Sa tête est encadrée par les flots du Gange dont son chignon a calmé l'impétuosité et qui coule maintenant sans danger dans le monde.
Shiva dansant représente l'énergie universelle et éternelle. Cette danse continue engendre la succession des jours et des nuits, le cycle des saisons et celui de la vie et de la mort. À terme, son énergie provoquera la destruction de l'univers, puis le fera renaître. Cette danse de création du monde symbolise le processus éternel de conservation et de destruction.
D'après la légende, Shiva et Vishnu se rendirent dans une forêt pour combattre 10 000 hérétiques. Furieux, ceux-ci envoyèrent pour attaquer Shiva un tigre, un serpent et un nain noir et féroce armé d'une massue. Shiva tua le tigre, apprivoisa le serpent qu'il mit autour de son cou en guise de collier (symbole de la maîtrise des passions), posa son pied sur le nain et réalisa une danse développant une telle puissance que le nain et les hérétiques reconnurent en lui leur seigneur.
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Andakâsura Vadam
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Andakâsura Vadam est la forme de Shiva assurant la mise à mort du démon Andaka.
Cette légende rapporte la mise à mort du démon aveugle Andaka par Shiva. Un jour Parvatî, l'épouse de Shiva, lui couvrit, par jeu, les trois yeux de ses mains. L'univers entier fut plongé dans l'obscurité la plus totale. Des gouttes de transpiration tombèrent alors du front de Shiva et se transformèrent en un démon épouvantable. Ce démon était connu sous le nom d'Andaka. Ce démon accomplit diverses austérités qui lui permirent d'obtenir l'immortalité de Brahmâ [Brahmâ]. Cependant, il perdrait la vie s'il lui arrivait d'éprouver du désir pour sa mère. Enivré par son nouveau pouvoir, Andaka ravagea l'univers, causant des souffrances sans nombre à ses habitants. Il rencontra alors Parvatî et, ignorant que sa venue en ce monde était le résultat du jeu de la déesse, il s'en vint à la désirer. Il s'ensuivit une bataille qui l'opposa à Shiva, au terme de laquelle Shiva l'empala de son trident; au seuil de la mort, Andaka implora Shiva de le faire renaître comme l'un de ses adorateurs. Shiva alors le transforma en l'un de ses Ganas (génies formant l'armée des dieux, spécialement de Shiva), Bhringi.
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Ardhanârî
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Dans l'hindouisme, Shiva est parfois représenté sous la forme androgyne Ardhanârî, Shiva à droite, Parvatî (parfois Durga) à gauche. Cette image symbolise l'ambivalence de la nature divine, ni homme ni femme, car à l'origine de toutes choses, elle transcende les distinctions de genre.
Le dévot Bhringi se consacrait totalement à l'adoration de Shiva. Il en oubliait d'inclure Parvatî dans le rite et de lui rendre hommage. La déesse en conçut du ressentiment. Pour apaiser colère, Shiva décida de s'unir si étroitement à elle qu'on ne pourrait plus les dissocier car ils formeraient un seul être.
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Bhairava
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Bhairava est un aspect terrible de Shiva.
Plusieurs légendes étayent cette dénomination. Une fois de plus, le démon Andhaka, rendu puissant par les dons qu'il avait reçus de Brahmâ, ravageait la terre et menaçait même d'enlever Parvatî. Shiva revêtit sa forme terrible et extermina le démon, l'empalant sur sa pique puis se lançant dans une danse violente.
Ces également sous cette forme qu’il coupa la cinquième têtes de Brahmâ.
Sa monture est un chien et on le représente nu, tenant un crâne.
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Mahâkâla
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Mahâkâla, une forme terrible de Shiva, assez voisine de Bhairava, représente l'aspect destructeur et terrible de Shiva dans l'une de ses formes les plus redoutables. En fait, Mahâkâla ne signifie rien moins que "le grand temps". C'est en effet le temps qui fait inéluctablement disparaître toutes choses de ce monde. Sous cet aspect, Shiva est représenté avec huit bras et levant au-dessus de sa tête le voile de la nuit. Il porte un serpent en place du nœud coulant. Dans un ouvrage, le Lalitôpâkhyâna, on décrit Mahâkâla accompagné de sa femme Kâli, l’enlaçant et buvant avec elle dans la coupe le vin, essence de la création. Les visages du dieu, au nombre de cinq, sont effrayants à regarder, comme ceux de la mort, et ils menacent constamment d’avaler l’univers.
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Bhikshâtana
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Bhikshâtana est la forme du Shiva mendiant.
Quand Shiva coupa la cinquième tête de Brahmâ, il commit, de ce fait, une grave faute qui nécessitait expiation. Le crâne de la tête coupée alla se placer dans la main de Shiva et rien ne put l'en enlever. Pour se débarrasser de sa faute, ainsi que de ce crâne accusateur, Shiva dut errer sous la forme d'un moine-mendiant nu, jusqu'à ce qu'il atteigne un lieu, nommé Brahmâ-kapalam (le crâne de Brahmâ), sur les pentes des Himalaya, où sa faute lui fut enfin pardonnée. Et le crâne de Brahmâ tomba à terre, de son plein gré...
L'ascète errant s'en vint un jour dans la forêt de Dârukâvana éprouver la patience et la dévotion d'ermites rendus orgueilleux par leur savoir, ainsi que la fidélité de leurs femmes, trop fières de leur chasteté. Il prit un corps nu magnifique et s'avança pour les tenter. En même temps, Vishnu survint et prit la forme de la superbe déesse Mohinî (forme féminine de Vishnu) pour éprouver les sages eux-mêmes.
Les Sages firent face au problème par la magie. Un feu sacrificiel leur permit d'obtenir une hache, une gazelle, des serpents et un trident. Tour à tour, ils lancèrent ces armes contre Shiva. Mais Shiva s'empara de ces armes et se les appropria. De même, les ermites firent-ils émerger du feu le démon Apasmâra, mais Shiva le terrassa. A la fin, les ermites reconnurent Shiva et lui rendirent grâce.
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Chakrapada
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Chakrapada est la forme de Shiva qui fait don de son arme en forme de disque (chakra).
Vishnu voulait obtenir que Shiva lui accorde la possession du disque Sudarshana comme arme, afin de l’aider dans son rôle de protecteur du monde. A cet effet, il honora Shiva en récitant continûment ses mille noms et en offrant une fleur pour chaque nom. Pendant sa dévotion, Vishnu s’aperçut qu’il lui manquait la dernière des mille fleurs. Il arracha alors l'un de ses yeux et l'offrit avec le dernier nom en remplacement de la fleur. Satisfait de cette dévotion, Shiva lui donna le disque sacré.
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Il existe d’autres très nombreux epithètes de shiva dont
- Bhagavata : le divin
- Chandrashekhara : la lune dans les cheveux
- Gangâdhara : porteur du Gange
- Girîsha : le seigneur de la montagne
- Îshâna : Seigneur
- Kâla : le Temps
- Kapâlamalin : porteur de crânes
- Mahâyogi : grand yogi
- Mahesha : grand seigneur
- Maheshvara : le favorable
- Nîlakantha : au cou bleu
- Pashupati : maître des troupeaux
- Rudra : maître des larmes
- Triambaka : aux trois yeux
- Âambhu : demeure de joie
- Vishvanâtha : le seigneur de tout
- ogarâja : roi du yoga
etc.
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